Confinement : témoignages d’adhérents

Ce que nous vivons depuis le 16 mars et le début du confinement est une situation totalement inédite, une situation vécue différemment d'une personne à l'autre comme le montre les témoignages d'adhérents ci-dessous.

Cécile et Carole disent bien vivre le confinement. Pour Cécile, il a permis de repenser l’organisation familiale : «  nous nous sommes organisés de façon très coopérative où chacun prépare et débarrasse le repas à tour de rôle : prise de conscience des tâches ménagères, super développement de l’autonomie pour mes enfants. » Le confinement a aussi des conséquences inattendues !

Mais en matière de confinement, nous ne sommes pas égaux : vivre confiné dans un appartement avec des enfants et où on se sent à l’étroit, ce n’est pas la même chose que de vivre dans une maison avec du terrain.

Parfois, le confinement est difficile à vivre, quand « on passe d’une situation très active à une sorte d’immobilité physique forcée », comme le souligne Jean-Marie. L’inactivité physique finit par peser.

De plus, le confinement est une rude épreuve, et pas seulement pour les personnes âgées, il marque une rupture dans les relations sociales. Certains souffrent de voir peu de personnes, souffrent du « manque de contact humain ».

Le télétravail

Le télétravail s’est imposé chez les enseignants (mais pas seulement) et cette expérience est là aussi plus ou moins bien vécue. Avant les vacances de Pâques, l’épuisement guettait car c’est une situation nouvelle qui a nécessité de s’adapter rapidement, de changer ses habitudes de travail.

Carole dit s’en accommoder car elle a fixé des limites de temps de travail. Elle trouve que « la direction de son établissement a bien organisé les choses » et qu’elle a plus « de liberté pédagogique à distance car elle ne dépend pas des collègues et des contraintes matérielles du lycée ».

Le télétravail a aussi changé la relation avec les élèves. Même si cela prend beaucoup de temps, Carole « prend plaisir à échanger personnellement avec certains élèves ». Une forme d’individualisation de la relation pédagogique est ainsi mise en avant.

Malgré les difficultés d’adaptation, le sentiment que le télétravail ça fonctionne est largement partagé. Cécile fait savoir « que nous n’avons eu aucun besoin des « chefs », des inspecteurs pour se mettre au travail pour les élèves, aucun besoin d’eux pour trouver les solutions ». Cette forme d’autonomie est d’autant plus appréciée quand le climat dans l’établissement est pesant.

Pour Jean-Marie, dans le Supérieur, les activités de recherche sont à l’arrêt, heureusement « l’enseignement à distance continue à stimuler l’intellect ».

Mais, faire du télétravail, communiquer avec les élèves, tout cela nécessite une bonne connexion internet chez soi. Ainsi certains soulignent les difficultés quand on vit « dans une commune assez mal équipée, où le débit n’est pas très bon ».

Comment concilier télétravail et vie de famille ?

Le confinement, c’est aussi jongler entre télétravail et gestion des enfants et de leur travail scolaire.

Carole apprécie de pouvoir passer du temps avec son enfant mais c’est « difficile de le mettre au travail alors qu’il est déjà en difficulté et j’ai l’impression de ne pas faire mon travail s’il n’apprend rien ! C’est dur certains jours ! ».

Comment ne pas culpabiliser quand on ne peut pas passer tout le temps voulu pour accompagner ses enfants ? Découper la journée avec des plages horaires pour le télétravail et des plages pour l’aide aux enfants dans leur travail scolaire est un exercice difficile.

Quand et comment sortir du confinement ?

Bien que la rentrée sera progressive, échelonnée, adaptée, une reprise en mai laisse dubitatif. Carole n’envisageait « une rentrée qu’en septembre, au lieu d’une rentrée anxiogène en mai ».

Alors qu’aucun vaccin ne sera probablement développé d’ici-là, les inquiétudes sur la sortie du confinement sont légitimes.

Cécile espère vraiment « qu’on ne va pas reprendre comme si rien n’avait changé, comme si les profs et les élèves n’avaient rien acquis pendant cette période… Elle espère vraiment un nouveau souffle, un véritable changement dans le collège. » Et elle fait des propositions : « pour la reprise et les années suivantes, il me semblerait intéressant qu’on se serve de ce que nous avons tous appris pendant ce confinement. Pour des classes difficiles à gérer ou des classes en surnombre : pouvoir faire cours en demi-groupe une semaine sur 2 pendant que l’autre groupe est à la maison pour travailler en autonomie. Et pour mieux organiser cela :  n’avoir que 14 heures de cours en présentiel et 4 heures devant ordinateur pour accompagner ceux qui sont à la maison. Ça pourrait également être envisagé pour des professeurs approchant la retraite et pour qui enseigner devant élèves devient compliqué. »

Après 2 mois de confinement, une certitude : on ne pourra pas reprendre comme avant, comme si rien ne s’était passé. Et si la crise que nous traversons n’était pas l’occasion de repenser notre métier ?

Si vous aussi, vous souhaitez témoigner, apporter un éclairage, livrer une réflexion, n’hésitez pas à envoyer un mail au syndicat (besancon@sgen.cfdt.fr)