Sortir du confinement à l’Université mais dans quelles conditions?

Le Sgen-CFDT revendique de toute urgence une concertation entre la Présidence et les organisation syndicales à l'Université de Franche-Comté.

En application de l’article 11 de la loi du 23 mars 2020 d’urgence pour faire face à l’épidémie de Covid-19 complété par l’ordonnance n°2020-323 du 25 mars 2020 sur les congés payés, de durée du travail et de jours de repos dans le secteur privé, le gouvernement a décidé que l’administration pouvait imposer 10 jours de congés aux agents au ASA et 5 jours de congés aux agents en télétravail durant la période de confinement (du 16 avril à la fin du confinement).

L’université de Franche-Comté a choisi de retenir 5 jours pour l’ensemble des agents (quelle que soit leur situation) et de réduire la période de prise de congés aux vacances de printemps. D’autres établissements ont choisi la fermeture complète.

Au Sgen-CFDT, si nous pensons que c’est aux chefs de service de gérer l’organisation des congés et les nécessités de service, il est évident que cela ne peut pas se faire en contradiction avec une ordonnance qui émane du gouvernement.

Cette mesure peut aussi se comprendre dans les cas suivants :

  • poser des congés, c’est aussi éviter l’épuisement pour ceux qui travaillent tous les jours, du matin au soir, c’est préparer l’après confinement.
  • à la reprise, il y aura la nécessité de pouvoir mobiliser le plus grand nombre d’agents pour pouvoir assurer pleinement les missions des établissements.
  • les personnels sont fatigués par la période, il y a besoin de déconnecter notamment pour ceux qui sont en travail à distance et qui peuvent avoir du mal à couper.
  • enfin, il y a aussi tous ceux qui sont mobilisés dans le PCA pour qu’ils puissent avoir des temps de repos. (du coup si on axe sur on est d’accord avec 5 jours mais pourquoi limiter à la période des vacances, les agents en PCA peuvent déroger à la règle des dates selon la note de la DGS, donc peut-être enlevé ce point.

 

Pour autant, nous ne sommes pas satisfaits de cet état « d’urgence » qui ne dit pas son nom.

En effet, depuis le début de cette crise, l’Université de Franche-Comté a très nettement rompu le dialogue social :

– Un seul CA la semaine dernière dont la principale mesure a été de donner les pleins pouvoirs au Président malgré l’opposition des syndicats

– un seul CHSCT après un mois de confinement, un comble dans une telle situation

– aucun CT, alors que plus aucun agent n’a des conditions de travail normales

– un CFVU cette semaine.

Alors qu’au niveau national tout comme dans certaines universités ou encore au  niveau académique,  les instances fonctionnent et répondent aux attentes et interrogations des agents.

Pourtant certains donnent sans compter, imaginent des solutions, ont mis à disposition de l’Université leurs propres matériels, continuent leur travail sur site pour maintenir les labos, les réseaux.

En réponse, nous regrettons que  l’université minimise les systèmes collaboratifs : pas de recueil des difficultés techniques rencontrées par les personnels, pas de partage d’expériences, pas de recommandations générales mais chaque département cloisonné, ….

Les agents publics auront un rôle important à jouer pour relancer l’activité dans notre pays et cela nécessitera la mobilisation et l’implication de l’ensemble.

Il convient donc d’anticiper dès à présent cette sortie pour garantir la continuité des services publics en évitant toute désorganisation.

Une réflexion générale pour que la reprise se passe bien, sans que cela ne se fasse ni au détriment des personnels ni au détriment des services nous parait indispensable.

C’est pourquoi, nous demandons qu’un dialogue soit mis en place autour de l’après confinement en s’appuyant sur le CT et le CHSCT.

Pour le Sgen-CFDT, une reprise sèche est impensable. Il faut accepter les réalités, donner à tous le temps de reprendre le fil, et préparer finement les reprises pour donner à chacun.e l’attention à laquelle il, elle a droit et tenter de combler les écarts creusés pendant le confinement du point de vue humain et pédagogique.

  • mesurer ce que signifie la priorité qui doit être donnée à la santé.
  • être en capacité de tenir un discours cohérent avec la réalité vécue, les réalités vécues. Le pluriel est important alors que la situation que nous vivons laisse malheureusement aux inégalités plus d’espace pour se déployer et jouer à plein, par exemple en matière éducative
  • ne pas chercher à tout compenser, tout rattraper avant la rentrée 2020
  • prendre en compte le réel : fatigue de la population, fatigue professionnelle, fatigues qui nourriront la défiance et le sentiment de ne pas être pris en compte, de ne pas être reconnu
  • prendre le temps de former encore et encore aux enjeux des gestes barrières et de la distanciation sociale.
  • organiser un nettoyage régulier plus approfondi des locaux, anticiper et préparer la logistique nécessaire, en particulier toutes les surfaces avec lesquelles nous sommes en contact avec nos mains. Cela suppose des moyens humains, cela suppose une organisation, des financements adaptés pour être à la hauteur des enjeux sanitaires.

Les étudiants ne reviendront pas avant septembre, certes, mais les personnels ? A partir de quand, comment ?

Il faudra se retrouver, refaire collectif, cela participe des enjeux de résilience auxquels il faut consacrer du temps pour qu’ils puissent ensuite eux-mêmes mieux accueillir les élèves, étudiant.e.s, jeunes et moins jeunes en formation ;

Cela suppose d’accepter de voir et de dire le réel et non de le tordre.

Raisonnés, raisonnables et responsables !