Colloque climat scolaire, pauvreté, et mixité sociale et culturelle

Une délégation du Sgen-CFDT s’est rendue au colloque climat scolaire, pauvreté, et mixité sociale et culturelle organisé par le Sgen-CFDT Midi Pyrénées les 10 et 11 octobre 2019.
Ce colloque fut l’occasion de traiter de ces sujets qui sont au cœur de l’actualité avec des professionnels et experts de

Durant ces deux jours de débats et d’échanges, nous avons pu assister à 7 tables rondes toutes aussi riches les unes que les autres.

Ces discussions présidées par des chercheurs, médecin de l’éducation nationale, parents d’élèves, associations et psychologues scolaires, ont permis de mettre en évidence que la société telle qu’elle existe aujourd’hui est très inégalitaire. Un système de mise en compétition et non de coopération, exclue forcément certains d’entre nous. A l’heure du numérique, il apparait que l’on dispose d’outils de documentation et de partage, qui permettraient de bénéficier des progrès réalisés par les autres. Il s’agit là de tirer profit des expériences faites par les autres, que ce soit dans une classe ou au sein de la communauté enseignante. Il est courant de dire que l’on apprend de ses erreurs et que si l’on apprend de ses échecs alors on sait progresser. Il serait même intéressant de dire que l’on apprend les uns des autres en partageant ses réussites. Pour ce faire, au sein d’une classe, il convient d’adopter une éducation bienveillante mais on oppose trop souvent bienveillance et exigence. Cependant, on peut être davantage bienveillant quand on est exigent. C’est l’exigence qui permet de faire progresser ses élèves. Néanmoins, il a été prouvé que nous ne pouvions pas prendre soin des autres sans prendre soin de soi. Et dans un système avec beaucoup de niveaux hiérarchiques et de contrôle, il est difficile de se sentir bien. On a besoin d’agir avec l’ensemble du système éducatif si on veut de la bienveillance des enseignants avec les enfants. On a besoin de s’inscrire dans une communauté d’ « apprenants ».

Pour le bien-être des enfants et des adultes à l’école, de nombreuses expérimentations ont été menées dans diverses écoles (soutien au comportement positif, coopération à l’école, éducation non violente…), et comme notamment la méditation laïque. La méditation laïque, c’est se connaître soi-même, à l’intérieur de soi, c’est se recentrer sur ce qui se passe ici et maintenant. C’est un espace de liberté qui demande concentration, observation, il s’agit de contacter son corps-esprit, l’attention et la présence, sans esprit de profit, sans but, sans jugement ou projection.

Ces expériences ont été menées à la suite d’études qui ont démontrées que quand les enfants et les adultes se sentent particulièrement bien, ils sont capables de mobiliser des capacités importantes.

Des programmes établis et réfléchis par des psychologues scolaires en étroite collaboration avec des enseignants ont été présentés comme le programme « pour mieux être et mieux vivre ensemble ».

Cet enseignement bienveillant passe par la prise en compte des élèves à besoins particuliers afin de leur faire ressentir qu’ils sont reconnus et qu’ils appartiennent au groupe. S’il apparaît qu’il y a un manque important de formation des enseignants en compétences psycho-sociales et en éducation positive, il apparaît nettement que dans les établissements où ces expériences ont pu être mises en place, le climat scolaire s’améliore en fonction du bien-être des tous leurs acteurs. Tout comme, il a été mesuré que l’amélioration du climat scolaire permet de lutter contre le décrochage scolaire. Un individu qui se sent bien gagne en confiance en lui. Comme le disait Nelson Mandela : « Je ne perds jamais, soit je gagne soit j’apprends. ». Retrouver un climat scolaire serein passe par l’écoute. L’écoute, c’est retrouver la justice, redonner une force à autrui. Mais ce climat scolaire dépend de divers facteurs : la stabilité des équipes et la lisibilité du travail du collectif, le relationnel, la qualité des enseignements et des apprentissages, la sécurité, le sentiment d’appartenance, la qualité d’environnement, le sentiment de compétences, l’inscription dans une démarche de co-construction et de développement permanent des compétences professionnelles (la notion de collectif d’apprenants a souvent été évoquée).

 

Pas simple de mettre en place toutes ses belles théories dans une société au climat social dégradé, dans laquelle on voit apparaître trois phénomènes :

  • Un sentiment de pessimisme : il y a 10 ans les français étaient pessimistes pour l’avenir de leur pays mais optimiste pour leur avenir personnel. Aujourd’hui, ils sont pessimistes à tous niveaux.
  • Le repli sur soi, la recherche de coupables au lieu de la mise en lumière de responsabilités de chacun là où agir (c’est la faute des autres, des chefs, des politiques, du « système », …). Nous sommes tous responsables à notre niveau. Être responsable ne signifie pas être coupable.
  • Le recul du consentement à la solidarité fiscale.

L’école n’est pas hermétique, c’est une chance mais aussi une éponge de la société. La compétition est tellement plus facile que la coopération.

Toute réforme, bonne ou mauvaise, non délibérée, sans l’investissement des équipes en place, passe à côté de l’efficacité. Si on oublie les conditions de travail, le poids de l’institution sur les individus sans donner le sens, on perdra le gout de s’investir et d’avoir une école inclusive. (Laurent BERGER-Intervention colloque)

Les nombreux témoignages de ces deux jours convergent tous dans le même sens, qu’il est important d’agir efficacement pour améliorer le bien-être des élèves et des adultes afin d’améliorer le climat scolaire tout en favorisant la mixité sociale ; et que pour ce faire, il est urgent de faire confiance aux équipes professionnelles, de leur donner des moyens et le temps de s’investir et de se sentir bien, de se former, et de reconnaître les compétences des enseignants mais aussi de faire confiance en l’innovation. Ouvrir des possibles reste la seule perspective face à l’immobilisme et le mythe du « c’était mieux avant ! ».

Afin d’aller plus loin sur ces sujets importants d’actualité, le Sgen-CFDT reviendra vers vous pour vous proposer une journée d’échanges avec des spécialistes locaux.