Le Sgen-CFDT interpelle le recteur sur la situation de l’académie et dépose un préavis de grève

Le Sgen-CFDT de l'académie de Besançon a écrit ce jour à M. le Recteur pour faire part de ses inquiétudes et de ses revendications concernant la situation sanitaire. Ce courrier s'accompagne d'un préavis de grève dont les personnels peuvent se saisir.

« Monsieur le Recteur,

L’école se doit d’être promotrice de santé et nous estimons qu’à cette date elle ne l’est plus.

Dans le cadre de la crise sanitaire que nous traversons, le taux d’incidence explose dans l’ensemble de la région et notamment dans le Territoire de Belfort qui atteint les 3000 cas pour 100 000 habitants. Les hospitalisations d’enfants ne sont malheureusement plus rares. Les mesures récemment annoncées par Monsieur le Ministre sont très nettement insuffisantes et elles rendent la situation alarmante.

Pour notre part, nous observons que :

  • les revendications nationales portées par notre fédération ne sont toujours pas pleinement satisfaites,
  • la gestion du protocole sanitaire, notamment dans le premier degré où notre fédération a déposé une alerte sociale, rend la situation localement intenable,
  • la pression certificative n’a pas baissé et que c’est dans des conditions de travail extrêmement dégradées que les élèves, les enseignantes et enseignants préparent les épreuves, tant de mars que je juin, sans pouvoir assurer que la continuité pédagogique aura été suffisante,
  • les remplacements demeurent une préoccupation majeure.

L’école doit protéger la santé tant physique que psychologique des usagers et des personnels.

En application de la loi du 19 octobre 1982 et du décret n° 2008-1246 du 1er décembre 2008, nous vous informons que le syndicat Sgen-CFDT de l’académie de Besançon dépose un préavis de grève courant de la date de son dépôt jusqu’à la fin du mois de janvier 2022.

Ce préavis concerne l’ensemble des personnels de l’Éducation nationale de l’académie de Besançon et nous le déposons pour que les collègues puissent s’en saisir, le cas échéant, en fonction de la situation sur leur lieu de travail, non pas dans l’optique d’ajouter de la désorganisation à la désorganisation, mais comme ultime recours dans l’optique d’une protection des personnels et des usagers.

Nous annexons à ce courrier les revendications du Sgen-CFDT pour lesquelles nous souhaitons que le dialogue avance.

Nous vous prions, Monsieur le Recteur, de croire en notre dévouement au service du service publique de l’Éducation nationale. »

 

Les revendications du Sgen-CFDT relatives à la crise sanitaire

Dans l’immédiat, une meilleure prévention combinée est nécessaire pour une meilleure protection des agents et des élèves.

  • vaccination : il faut une incitation à procéder à la dose de rappel, incitation à la vaccination de toutes celles et ceux qui sont éligibles (limiter drastiquement risque de forme grave, diminuer la contagiosité), pour les agents, nous demandons des créneaux réservés et des autorisations d’absence facilitées pour se faire vacciner, ainsi que la suspension du jour de carence pour les éventuels effets post vaccination ;
  • gestes barrières à renforcer pour tout le monde, et actualisation sur les personnels vulnérables :
    • masques :  nous demandons des masques chirurgicaux et FFP2, l’absence d’évolution de la doctrine sur ce sujet est incompréhensible au regard des messages du ministère de la santé sur l’ajustement nasal, et les préconisations de davantage d’épidémiologistes, infectiologues et médecins avec omicron, surtout dans un contexte d’exercice réel et en tenant compte des modalités de transport domicile-travail. Les personnels d’enseignement, d’éducation, celles et ceux qui exercent dans les écoles et EPLE ne sont pas éligibles au télétravail 3 jours par semaine et ne bénéficient pas de contexte de travail dans lesquels on réduit la densité dans les salles de manière à permettre une distanciation physique. La fourniture de ces masques d’ici à la semaine prochaine est matériellement impossible, nous demandons le défraiement intégral des agents sur la base de 4 à 5 masques par jour travaillé en présentiel (temps d’exercice + temps de transport) ;
    • mise en œuvre effective des 3 journées minimum de télétravail par semaine dans les services déconcentrés, mais aussi dans les EPLE pour les personnels dont les activités le permettent,  et pour les réunions ;
    • aération et qualité de l’air : il faut proroger l’aide aux collectivités locales sur l’équipement en capteurs de CO2, incitation et accompagnement plus proactif par les services de l’État localement pour changer de braquet, identifier les purificateurs d’air pertinent et là aussi incitation et accompagnement plus proactif par les services de l’État localement en incluant la question de la maintenance, décliner les préconisations du ministère de la FP sur la qualité de l’air et donc interruption de l’enseignement dans la salle de classe dès que > 1000 ppm, idem salles de cantine, salle des personnels, ce seuil de plus de 1000 ppm devant déclencher l’évacuation des locaux dans les protocoles du ministère du travail et du ministère de la fonction publique ;
    • ne pas répartir les enfants dans d’autres classes quand un collègue est absent non remplacé ;
  • tester pour assurer l’isolement des personnes positives symptomatiques ou non :
    • appliquer les mêmes règles de cas contact qu’en population générale pour les enfants comme pour les adultes, quel que soit leur statut vaccinal afin d’éviter que des personnes ne viennent en étant positives sans le savoir, cela reviendra de fait à intensifier et élargir les tests dans le premier comme dans le second degré ;
    • retour en classe après détection d’un cas positif : préférence pour deux tests PCR positifs (PCR car antigénique apparaît générer plus de faux négatif au variant Omicron) avec un intervalle entre les deux tests calé en fonction du délai d’incubation identifié par les autorités sanitaires et donc fermeture de la classe pendant cet intervalle et organiser le travail en conséquence : appui administratif et sanitaire, tout particulièrement dans le 1er degré ;
  • passer à un autre niveau du protocole élaboré cet été dans certaines régions quand on observe les taux d’incidence aux âges de celles et ceux qui fréquentent et travaillent dans les écoles, collèges et lycées, mais aussi la tension voire la saturation hospitalières dans certaines régions.

La discontinuité pédagogique va se poursuivre

Par ailleurs, compte-tenu des taux d’incidence dans les tranches d’âge scolaire et actifs, il est à prévoir de nombreuses absences d’enseignant.e.s, AED, AESH ce qui va déstabiliser le fonctionnement des écoles collèges et lycées. Ce sera nécessairement source de discontinuité pédagogique car :

  • même si des recrutements sur LC et de contractuels sont opérés rapidement (pourquoi ne pas l’avoir fait plus tôt), nos collègues ne seront pas dans les classes du jour au lendemain,
  • dans certaines académies des enseignant.e.s ne sont pas remplacé.e.s depuis septembre donc on voit mal comment des recrutements maintenant suffiront à faire face aux besoins énormes qui s’annoncent,
  • hors de question de demander à des collègues positifs au covid (et donc en CMO) de faire l’enseignement à distance comme nous l’avons vu dans quelques circonscriptions.

Autre source de discontinuité pédagogique, déjà à l’œuvre depuis le début de l’année scolaire : les élèves sont malheureusement aussi touchés par le covid soit parce que positifs, soit parce que cas contact. Certains ont été positifs ou cas contacts plusieurs fois depuis le début de l’année, et quand le malade était à leur domicile, l’isolement était de 17 jours. On ne peut pas continuer à faire comme si cela n’existait pas et n’avait pas de conséquence sur la scolarité, la motivation… Nous demandons un aménagement des attendus en fin d’année, des attendus et de l’évaluation pour les examens à tous les niveaux et dans toutes les voies et filières. Il faut aussi s’assurer que cela ne pèsera pas sur leur orientation. N’attendons pas d’être au pied du mur pour le faire, ne laissons pas les personnels, les élèves seuls face à ces questions, il y a une dimension systémique que les acteurs locaux ne pourront résoudre seul.e.s.

Reconnaître une charge de travail exceptionnelle mais qui dure

  • Alléger la charge de travail en priorisant le travail pour que les personnels tiennent (voir nos propositions formulées dans le cadre de notre alerte sociale, alerte porte par construction sur le 1er degré mais sur le fond nos propositions concernent tout autant le 2nd degré), pas de distanciel en plus de l’enseignement assuré en présentiel.
  • Reconnaître la charge exceptionnelle, par l’organisation du travail, par le discours et nous le demandons de la rémunération.
  • Anticiper les mises à jour de la FAQ ministérielle et des protocoles afférents pour éviter une mise en tension systématique des collègues.